Le problème de transmission de maladies animales vers l’homme n’est pas nouveau. En préphilatélie on trouve des lettres intéressantes avec beaucoup de contenu, dont je veux vous présenter quelques exemples.
La lettre de 1797 est aussi philatéliquement intéressante avec le lieu d’expédition « Berne » manuscrite (Schäfer no 5) et le cachet de transit genevois « SUISSE » (Schäfer no 178c). La lettre était transmise par les Fischer sous franchise jusqu’à Genève et était taxé côté France avec 14 sols.
Nous citons ici une partie de son contenu avec l’orthographe d’époque
Messieurs !
Nous avons été informés d’un événement qui vient d’avoir lieu sur la fin du mois passé à Fiumorga pres d’Ajaccio en Corse, et qui déjà d’une grande importance pour la Santé publique, peut avoir des Suites encore plus funestes.
Ensuite des lettres reçues sur cet objet un bâtiment turc infecté, doit avoir été dépouillé et son équipage massacré par les Habitants de Fiumorga, une maladie pestilencielle s’est manifestée aussitôt parmi eux , et en a emporté 100. en peu de tems.
A cette époque, la mention de la ville de départ n’était pas encore obligatoire. La mention « 30 » en haut à gauche de la lettre (Doc.2) concerne le poids de lettre,qui était transporté par les Fischer en franchise.
Le contenu est tout aussi intéressant, nous citons une partie :
Illustres Magnifiques et très Honorés Seigneurs !
Nous avons lieu de croire que l’on a osé ouvrir aucunes bêtes, attaquées de la Contagion en France, puis qu’effectivement aucune relation ne s’explique bien en détail, comme Nous l’aurions Souhaité.
Aussi Nous écrivons par le même Courrier à nos correspondants pour leur mander si les habits de laines prennent et communiquent ce venin ? Et s’il est vrai que quelques personnes ont péri en écorchant de ces animaux morts ?
Détail très intéressant de savoi , pour mieux connaître ce terrible fleau, et pour s’en garantir.
Nous joignons ici en même temps à Nos Illustres Seigneuries deux Extraits des lettres de Bordeaux et Zonzac en Saintonge, c’est tout ce que Nous avons de nouveau pour le présent, mais qui ne sont pas des plus consolantes.
Veuille le Tout Puissant préserver l’humanité et Nos frontières de ces calamités redoutables, qui répandent la désolation là oû paraissent.
Agrées avec ces vœux les Sentiments que Nous avons voués à V:J:S: de si juste Titre, avec lesquels Nous avons l’honneur d’être.
On trouve aussi des lettres échangés en Suisse entre des Services de Santé des Cantons ou encore des lettres ou les responsables locaux informent leurs autorités. La plupart du temps ces lettres concernent que des maladies de bétail.
La taxe de 2 Kreutzer (manuscrit en bleu) a été biffée, puisqu’il s’agit d’une lettre de franchise. Avant 1850 les taxes sur les lettres suisses sont exprimés en Kreutzer et non en centimes.
La lettre mentionne une infection dans une écurie à Goumoens, qui avait déjà connue une infection en 1840. La lettre dénonce la trop lente réaction des autorités communales et la forte négligence des concitoyens.
Pour se protéger il était nécessaire lors du transport de bétail d’avoir des documents de voyage, qui attestait la santé des bêtes. Voici un tel passeport de santé, écrit en allemand.
Le passeport de santé est un document juridique établi par la commune de départ, qui atteste, qu’il n’a pas eu de cas contagieux pendant les douze dernières semaines. Il stipule le nombre de bétail et le lieu de destination et prie les divers autorités de le laisser passer.
Le document suivant est également un passeport de santé, mais utilisé en 1809 pour attester « des peaux de bœufs » pour un transport entre Neuchâtel à Ouchy. Cette utilisation semble un peu abusive pour l’époque.
Le document est historiquement intéressant, puisque le formulaire est prussien, mais utilisé par l’administration de Berthier. La principauté de Neuchâtel était entre 1707 et 1806 sous autorité du Roi de Prusse. Ensuite la principauté est devenue française par un échange de territoire avec le Roi de Prusse, qui recevait de Napoléon Hannovre en échange. Napoléon récompensait son maréchal Berthier en lui donnant cette principauté.
Comme c’était un document de seconde importance, l’administration de Berthier utilisait dans ce cas l’ancien formulaire prusse, tout en biffant l’ancienne armoirie.