Auteur : Jean-Claude Marendaz
Les Messagers des Seigneurs de Renens
A l’époque de leurs Excellences de Berne, les droits féodaux et la propriété des terres de Renens sont détenus pas les descendants de Claude de Praroman, ex-chanoine de la Cathédrale de Lausanne, premier de cette branche vaudoise et protestante des Praroman, de vieille noblesse fribourgeoise.
Durant deux siècles, les Praroman se succédèrent donc sans interruption, presque tous étant en même temps Seigneurs d’autres lieux et banderet ou Conseillers de Lausanne.
Dans ce cadre du régime bernois, ils jouèrent des rôles importants de châtelains et de notables et disposaient donc de messagers privés.
Ensuite plusieurs familles habitèrent tout à tour le château de Renens. Les quelques fermes perchèes sur la colline et qui constituaient le village, vivaient à l’ombre des Seigneurs de Renens, ceci jusqu’en 1850.
Ainsi en fut-il du temps de Samuel Henri Benjamin Doxat, officier ayant fait fortune au service de l’étranger, qui possédait d’autres propriétés, telles que le château de Champvent, et avait également ses propres messagers.
Reproduction d’un envoi des Doxat porté par un messager à la poste de Lausanne
Le tournant décisif
En raison des marécages renanais, les routes postales évitèrent notre commune pour se rendre à Mex, relais de chevaux très important sur la route de Pontarlier pour la France.
Mais la vie paisible de la petite bourgade, desservie dès le 1er avril 1854 par le dépôt de poste de Crissier, allait prendre bientôt un essor bruyant et enfumé. Le 5 mai 1856, la vieille cloche qui avait sonné, près de Vidy, le glas du Major Davel, tintait joyeusement du haut de sa colline du village pour marquer l’arrêt du premier train à Renens. Le développement du réseau ferroviaire vaudois donna très vite une importance capitale à la gare de Renens et favorisa l’extension rapide d’une nouvelle agglomération : Renens-Gare
A partir de ce moment-là, les habitants de Renens, qui étaient 94 en 1709, 250 en 1803, sous la République helvétique passèrent à 433 en 1860, 1279 en 1900 et 3321 en 1910.
Cette croissance ultra rapide de Renens, répercussion directe de l’expansion du chemin de fer, permit à la population, tant du Village que de la Gare, de déposer dès 1858 le courrier à la station du chemin de fer desservie par un, puis deux employés chargés de la vente des billets et de la circulation des trains (Lausanne-Genève et Lausanne-Bussigny-Yverdon) avec une aiguille unique.
Lettre déposée à la station de Renens avec un cachet linéaire « Renens » unique pièce connue, de la Compagnie de l’Ouest des chemins de fer suisses (convention entre le chemin de fer et la poste pour l’expédition, uniquement, du courrier en partance de Renens)
La Poste à Renens
C’est le 25 septembre 1865 que les PTT ouvrirent officiellement le premier dépôt de poste de Renens, toujours situé dans la petite maison en bois sous la passerelle représentée ci-dessous. Il s’agit donc bien de la première poste à Renens.
L’expansion renannaise a promu le dépôt des premiers temps en bureau de poste le 1er juillet 1890, puis en office dès le 1er avril 1909 (plus de 1000 habitants) avec quatre fonctionnaires (un administrateur et trois commis) plus une dizaine de subalternes.
Les titulaires se succédèrent de la façon suivante :
1865 – 1867 M. Charles PACHE
1867 – 1869 M. Abraham CHOLLET
1869 – 1872 M. Philippe GROUX
1872 – 1875 M. Aug. GRANDCHAMP
1875 – 1876 M. J.-Louis TROILLET
1876 – 1904 M. Auguste PAHUD
1904 – 1909 M. Louis PAHUD
La petite construction en bois de la première heure ne permettant plus d’absorber un trafic en constante croissance, l’Office postal de Renens déménagea à plusieurs reprises mais resta toujours à proximité immédiate de la Gare.
Administrateurs
1909 – 1924 M. Louis CAVIN
1924 – 1926 M. Henri ROD
1926 – 1934 M. Henri BOVEY
1934 – 1936 M. Charles FRITSCH
1936 – 1954 M. Constant MAYOR
1954 – 1956 M. Charles LAVANCHY
1957 – 1959 M. Robert LOGOZ
1959 – 1980 M. Bernard GUIBAT
Bureau de poste, Place de la Gare, de 1910 à 1964
Les locaux situés dans ce bâtiment considérés comme spacieux et confortables lors de l’ouverture en 1910, étant devenus trop exigus, la Direction des PTT construisit, vers les années 39/40, une annexe destinée au dépôt et tri des colis, à l’arrière du bâtiment.
En 1955, la circonscription postale e Renens, qui ne tenait pas compte des limites politique de la commune, desservait 3580 ménages de l’agglomération, soit 12’000 habitants environ, avec un effectif de :
1 administrateur IV
1 chef de bureau III
2 caissiers I
1 commis II
2 aides, dames
1 apprenti
Ainsi que des subalternes
2 facteurs messageries I
13 facteurs lettres
1 aide I
3 aides II
Organisés en 17 services autorisés.
Le développement continuel de la Cité et partant du trafic, nécessita la recherche de nouvelles possibilités d’expansion. C’est en 1950 déjà que l’on tentait de résoudre ce problème. M. Charles LAVANCHY administrateur de l’époque, écrivait dans un rapport du 20 février 1956 que les tractions, en bonne voie, permettraient de meilleures conditions de travail pour l’année suivante. Mais l’année 1957 ne permit pas d’inaugurer la nouvelle construction, pas plus que les suivantes du reste.
L’échec du projet étant évident, la Direction des PTT dut se résoudre, le trafic ayant évolué de façon telle qu’il était devenu impossible d’assurer l’exploitation, à se déplacer dans des pavillons en bois, au nord des voies CFF, à l’av. de L’Eglise-Catholique, ceci provisoirement évidemment !!
La situation géographique de cet emplacement offrait, malgré les nombreux inconvénients dus au provisoire, un avantage indéniable pour le public : le retour au centre de la localité. Pour le personnel, les déménagements extérieurs ne compensaient toutefois pas les désagréments.
Ce provisoire ne pouvant durer éternellement, la Direction des PTT conçut, avec une banque de la place, une nouvelle construction en commun, construction moderne et fonctionnelle permettant d’absorber l’important trafic confié. Enfin un tournant décisif pour la poste de Renens, l’installation dans ses nouveaux locaux, le 12 novembre 1979, en bordure de la partie supérieure de l’ancienne rue de la Mèbre, baptisée dès ce jour, « Av. de la Poste ». et sur l’emplacement de l’ancienne TESA.